Sur le front ou à l’arrière ?

Source: Prieuré Sainte-Famille

Le Nouvelles de Chrétienté n°202 est paru. Voici l’éditorial pour en donner un aperçu.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dont on célèbre cette année le 150e anniversaire de la naissance et le 100e anniversaire de la béatification, est patronne des missions depuis 1927, et patronne secondaire de la France depuis 1944, tout comme sainte Jeanne d’Arc qu’elle vénérait.

Ne nous reposons pas sur ses titres de gloire, comme s’ils nous dispensaient de fournir un effort personnel et constant, comme s’ils nous permettaient d’être militants par procuration… Demandons-nous plutôt si nous sommes les dignes héritiers de la petite Thérèse. Elle, morte à 24 ans, cloîtrée et ardemment missionnaire ; et nous, vivants mais si souvent démissionnaires.

La sainte carmélite de Lisieux est un exemple admirable ; elle peut devenir pour nous un reproche redoutable. Voyons-la à l’œuvre pendant la Grande Guerre, sur le front. Lisons, dans ce numéro de Nouvelles de Chrétienté, les lettres que des officiers et des soldats ont adressées au pape Benoît XV pour hâter sa béatification.

Eux qui surent généreusement se sacrifier, parce que Thérèse dont ils portaient la médaille, les encourageait du Ciel à défendre leur pays envahi. Elle était avec eux, en première ligne.

Certes la Première Guerre mondiale est finie, et la Deuxième Guerre mondiale est terminée, mais pouvons-nous nous considérer aujourd’hui comme démobilisés ? Dans le Prologue de son Itinéraire spirituel, Mgr Marcel Lefebvre, bien peu enclin aux effets rhétoriques, n’hésitait pas à qualifier la crise conciliaire de Troisième Guerre mondiale.

L’archevêque missionnaire le déplorait avec tristesse : « les désastres accumulés par ces trois guerres, et spécialement la dernière, sont incalculables dans le domaine des ruines matérielles, mais bien plus encore spirituelles ».

Et de préciser : « ruine des institutions chrétiennes » et pénétration profonde de « la doctrine libérale et moderniste dans les organes directeurs de l’Eglise ». Les effets de cette guerre-là sont sous nos yeux : multiplications des lois contre la vie à naître, contre le mariage et la famille ; effondrement des vocations ; désertification des églises…

Face à cette situation dramatique, sainte Thérèse resterait-elle inactive au Ciel ? Non ! Elle bat le rappel, mobilise les énergies, secoue les âmes timorées. Elle nous exhorte à remplir notre mission au quotidien, à accomplir fidèlement notre devoir d’état de père et de mère de famille, de patron et d’employé, de baptisés au service d’une cité terrestre qui ne doit pas être « l’antichambre de l’enfer, plus ou moins bien climatisée », ainsi que le disait sans détour le père Calmel.

Servir est un honneur, s’abstenir frileusement de servir est un déshonneur. Et l’on sait le châtiment réservé aux déserteurs en temps de guerre. En 14-18, des hommes se dressèrent pour défendre leur patrie terrestre, dans ce troisième conflit n’y aura-t-il pour défendre l’Eglise que des êtres pusillanimes, réfugiés à l’arrière ? Ceux que les Poilus appelaient dans leur langage rude, mais expressif, des « planqués » ?

Sainte Thérèse ne permettez pas que nous vous fassions honte. Obtenez-nous « le courage et la force et la Foi », pour que nous ayons « l’ardeur au combat ». Le bon combat de la Foi.

Abbé Alain Lorans

Abonnement à Nouvelles de Chrétienté  pour un an (6 numéros) : France : 20 € ; soutien : 40 € ; étranger : 24 € – Au numéro : 4 € – Chèque à l’ordre de CIVIROMA à adresser à : DICI-Presse 33, rue Galande, F-75005 Paris